Les Pensées

Publié le par Emöjk

Les pensées sont des fleurs. Ecrire tout cela avant qu'elles ne passent, que je n'oublie de les écrire - j'oublie tout en ce moment, les petites choses fondent et filent.
Les livres qu'on lit et qui modifient nos mots - c'est vrai. Light of Day. Invention of Solitude. Les bouts de soi que l'on retrouve dedans.
Penser à tout cela alors qu'une chanson - "many happy returns" - alors que le bus file, ses portières comme des respirations. Entre chaque, une pensée.
(est-ce que j'ai pensé à tout cela, est-ce que j'en rajoute pour la poétique ?)
Une après-midi perdue, en même temps, gagnée. Un voyage perdu et ce que cela a de beau ; penser à cette note non écrite, "le temps libre". Etre libre et en même temps pressé par le temps.
Devant le panneau d'affichage, faire semblant d'être l'un d'entre eux. "Etudiant", et ce que cela implique. Discuter, filer les mots comme si toute l'importance du monde s'y rattachait. "Vers mi-avril", m'a-t-elle dit. Le temps qui file. Me souviendrais-je de cet instant dans dix ans, un an, demain ?
Penser aux chemins qui s'ouvrent devant moi, où je serais dans deux ans ? Presque trois vies en contraire. Et dans trois mois ? Est-ce que j'ai seulement ces trois mois ? Se rendre compte soudain que le temps est plus pressé que je ne le pensais. M'inquiéter, dans une bouffée d'angoisse, pour James Joyce. Ca passera mais ça ne devrait pas.
(mais dans dix ans, un an, demain, quelle importance ?)
Le rêve que j'ai fait cette nuit, et cette pensée, en rêve, que c'était une pièce du puzzle. Le titre, ici : "Le Puzzle Esquimau". Les majuscules. Les accents. L'autre soi, l'autre inventé. Cet anagramme. Les gens qui le lisent.
Le rêve que j'ai fait cette nuit : se promener dans la ville, la suivre de loin, elle ne me reconnaît pas, un foulard sur la tête, elle s'achète des crêpes.
(les accents...)
Les cordes à linges plantées dans la ville pour un bétail invisible, de poteaux en immeubles. Des lapins avec des bois de cerfs de trois mètres de haut. Cette pensée : "des arbres vivants - une bonne pièce pour le puzzle". Ces pensées, comme superposées. Penser à James Joyce qui avait tort à propos des pensées.
Ai-je tout dit ? Ai-je pensé à tout ?
(la musique, encore.)
Les fleurs, éventuellement, se fanent. Et je les oublie. J'oublie tout, en ce moment.
Des mots manquent.

Publié dans Chansons d'Hiver

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